by David E. Coke
The Mercure de France, published in Paris, was an influential monthly literary periodical, similar to The Tatler and The Spectator in England. It included court and political news, gossip, brief histories and poems, alongside articles and essays of contemporary interest, especially on the arts and humanities of France. The title ran from 1724, although it had previously run as the Mercure Gallant since 1672. In its 18th-century form it closed in 1810, but its direct descendants were published until 1965. The (Government-appointed) editor between 1745 and 1752 (and previously also in the 1720s) was the prolific Parisian playwright, Louis Fuzelier, who was happier to look for subject matter beyond France’s borders than some other editors.
The poemâs dedicatee, Bernard le Bovier de Fontenelle (1657â1757), was an influential but controversial Enlightenment author and essayist. One of his most important works is his Dialogues of the Dead of 1683, in which long-dead figures are made to converse with modern or more recent people, with an overtone of ironic scepticism.
ThĂ©mire, the authorâs companion and guide to Vauxhall, is a figure of French pastoral verse and literature; she was portrayed as an enchanting nymph of Venus, crowned by the Graces, who personified chaste and pure love. She appears to have no English or classical counterpart. The similarity of the word ThĂ©mire to âTamiseâ, the French word for the river Thames, may be significant, conflating her personalities as river deity and pastoral enchantress, very appropriate for Vauxhall. The author of this poem was Matthew Maty (1718â1776), a Dutch physician and writer, who later became Secretary to the Royal Society and second Principal Librarian at the British Museum.
The whole poem and dedication was first printed in Maty’s Journal Britannique, Vol. I, April 1750 (pp.32-49), published in La Haye by H. Scheurleer; here it is given a date of 4 July 1741 (p.49). In the Journal Britannique version, much of the punctuation and capitalisation is different to the later Mercure de France example; the added line in square brackets is derived from the Journal Britannique version.
Even though French travellers would visit it, and maybe write letters or journals about their travels, Vauxhall Gardens appears remarkably rarely in published French literature. I imagine that the French court was not at all keen to show their subjects that such places as Vauxhall existed elsewhere; an evening entertainment at which commoners and royalty could meet on equal terms (almost), and where the best music was available to anybody with a spare shilling â “Zut alors! Comme c’est atroce! Insupportable!!” If we’re not careful, it’s the kind of thing that could even start a revolution!
VAUXHALL, POEME,
PrĂ©cedĂ© dâune Lettre Ă M. de Fontenelle.*
*Vauxhall est un lieu aux environs de Londres,& lâouvrage qui le dĂ©crit est dâun Anglois; mais ce qui est fort Ă©tonnant, lâAnglois nâest jamais venu en France, & lâouvrage est un PoĂ«me; câest un phĂ©nomĂ©ne LittĂ©raire.
Aimable & sage Fontenelle,
Toi, que dans le déclin des ans,
Orne une guirlande immortelle
[p.4] De fleurs, que lâamour renouvelle,
Et que ne peut flétrir le tems;
Sage Platon, divin Orphée,
Que Minerve & que Cytherée
EmpĂȘchent mĂȘme de vieillir;
OĂč pourrai-je te dĂ©couvrir?
Sera-ce au haut de lâEmpirĂ©e,
OĂč tu suis les cĂ©lestes Corps;
Dans cette profonde contrée,
OĂč tu fais badiner les morts;
Ou sur les bords dâune fontaine,
PrĂšs de Corylas & dâIsmĂ©ne,
Dont tu sens & peins les transports?
Tâirai-je chercher au Portique,
Dont tu dévoiles les leçons;
Au fond de quelque Temple antique
Que tu dépeuples de démons;
Ou bien au Spectacle magique,
Dont ta Muse anime les sons?
Si dans ces demeures sublimes,
Encor vers les terrestres lieux
Tu daignes abaisser les yeux,
Reçois avec ces foibles rimes,
Mon encens, mon CĆur & mes vĆux.
Oui câest Ă vous, câest au Peintre des Graces, & Ă lâInterprĂ©te de la sagesse que jâoffre des essais, dont lâexĂ©cution est peut-ĂȘtre encore plus imparfaite que lâentreprise ne fut tĂ©mĂ©raire. Mais lâune & lâautre le [p.5] fĂ»ssent-elles davantage, elles me fournissent du moins une occasion de mâadresser Ă lâhomme, qui de toutes les beautĂ©s de la France est celle que je regretted le plus de nâavoir jamais vĂ»e. Jâai dâautant plus de plaisir de vous rendre cet hommage, quâil ne sera soupçonnĂ© de partialitĂ© par aucun de ceux qui ont lĂ» vos ouvrages.
Vivez long-tems, vivez toujours aimable,
Entre la sagesse & les ris.
Vous seriez immortel, si le sort Ă©quitable
Vous permettoit de vivre autant que vos Ecrits.
VAUXHALL.
Je chante une rive sacrée,
Des Graces aimable séjour
OĂč la divine CythĂ©rĂ©e
Rassemble tous les soirs sa Cour.
Parmi cette troupe charmée,
Sous les Ă©tendarts de lâAmour,
On voit la paresse animée,
Le plaisir toujours renaissant,
La volupté désabusée
Du trouble & du déreglement,
Et la vérité déguisée
Sous le voile de lâagrĂ©ment.
LĂ , par une douce surprise,
[p.6]Â La sagesse mĂȘme authorise
Le desir & le sentiment.
           Des Nymphes de la double Cime
Jâavois brisĂ© le joug chagrin;
Mais Thémire veut que je rime.
Thémire! Que veut-elle? En vain
Un si doux suffrage mâanime.
Que par un délire sublime
Un autre cherche Ă sâĂ©lever;
Pour moi, sans effort & sans gĂȘne,
Sur le Permesse, Ă lâHypocrĂȘne
Thémire me fait arriver;
Elle est ma Muse & mon MĂ©cĂȘne;
Elle seule peut mâenflammer;
Un regard Ă©chauffe ma veine;
Un souris suffit pour rimer.
           La Tamise, qui par son onde,
Rend Londres la Reine des Mers,
Et sur qui la superbe fonde
Le commerce de lâUnivers,
Baigne aussi le charmant azile
De lâamour, de la voluptĂ©;
Le fleuve devenu Lethé,
Fait oublier avec la Ville,
La soif de lâor & des travaux,
Et dans lâame la plus aigrie
Verse le tranquile repos,
Et la flateuse rĂȘverie.
Le chagrin, le souci, lâenvie,
[p.7]Â Dans cette nouvelle Arcadie
Sont forcĂ©s de sâĂ©vanouir;
A Londres on use la vie;
A Vauxhall on sçait en jouir.
           Suivant les fictions antiques,
Et les descriptions mystiques
Des Druides de lâancien tems,
Le seuls justes & les vrais sages,
Des Dieux innocentes images,
Du monde rares ornemens,
Passoient au sortir de la vie,
Dans une riante prairie.
LĂ , sous des arbres toujours verds,
Et sur une rive fleurie,
Dâune divine mĂ©lodie
Ils faisoient retentir les airs.
           Ma ThĂ©mire, de lâElysĂ©e
Pour vous les Jardins vont sâouvrir;
Des immortels favorisée,
[Par vos desirs autorisée,]
Vivez avant que de mourir.
Sous de favorables auspices,
Entrez dans ces aimables lieux;
A ces fontaines de délices
Puisez un Nectar précieux;
Recevez les tendres prémices
De ces oiseaux remplis de feux,
Qui par leurs concerts amoureux,
Interrompant leurs sacrifices,
Toujours vifs & toujours heureux,
[p.8] Nous chantent de lâĂȘtre comme eux.
           Ici par un froid parallele
Je craindrois devous Ă©loigner,
Et plus riante que fidelle,
Ma Muse veut vous Ă©pargner
Les refus du Nocher avare, (a)
Le trajet du fleuve fatal, (b)
Lâaspect du sĂ©jour infernal,
Et les soupiraux du TĂ©nare. (c)
Laissant cette route barbare
Aux essains des foibles Auteurs,
Je sçaurai parsemer de fleurs
Celle qui vous est destinée.
Ces eaux sont celles du Pénée;
Ces champs sont ses bords enchanteurs;
Les Graces tiennent lieu de Parques;
Les desirs conduisent nos barques;
Les Amours sont Introducteurs.
           Dans cette retraite charmante,
Dans ce poëtique séjour,
On voit vers le déclin du jour,
Â
(a) Les BĂąteliers se prĂ©valent de la nĂ©cessitĂ© oĂč lâon est de se servir dâeux, pour rançonner ceux quâils transportent.
(b) La crainte de lâeau empĂȘche bien des gens dâaller Ă Vauxhall.
(c) Les vieilles masures du fauxbourg de Southwarck, & la fumĂ©e noire quâexhalent les cheminĂ©es des Brasseries, Teintureries, &c. quâil sây trouvent, donnerent Ă lâAuteur lâidĂ©e de cette comparaison.
[p.9] Sâassembler lâĂ©lite riante
Et de la Ville & de la Cour.
           Ainsi dans les Jardins que Flore
Au printems a fait refleurir,
On voit au lever de lâAurore
De jeunes Nymphes accourir.
Cet Ćillet, qui vient de sâouvrir,
Enlevé par Eléonore,
Assortissant avec son tein,
Placé mollement sur son sein,
Heureux, achevera dâĂ©clore,
Et terminera son destin.
Le Jasmin est du goût de Laure;
La jeune Iris nâaime encor rien;
Thémire préfere la rose,
Comme elle est fraĂźchement Ă©close,
Et son goût décide du mien.
Ainsi dans la foule brillante
Des plaisirs que Vauxhall présente,
Et que lâart y sçait mĂȘlanger,
Chacun aime Ă se partager.
Au fond dâune ame indifferente
Le plaisir ne peut pénétrer,
Et la voluptĂ© nâest piquante,
Quâautant quâune insensible pente
Porte le cĆur Ă sây livrer.
           Dans ces lieux, bouffi dâopulence,
Le Financier fait admirer
Sa maussade magnificence;
[p.10]Â Le Plumet plein de confiance,
Se contente de se montrer;
Tout entouĂ© de lâaudience,
LâAvocat y court disputer;
Enveloppé de suffisance,
Le Petit Colet siroter;
Lolotte au sortir de lâenfance,
Chercher une leçon dâaimer;
Clarice essayer de charmer;
La tendre & timide Constance,
Attendre & craindre la présence
De lâamant quâelle y doit trouver;
Damon ne voit que son Hortense;
ThĂ©mire tendrement rĂȘver.
           Loin dâici, cĆurs inaccessibles
A la tendresse, à la gaité;
Rassemblez-vous, ames sensibles
Aux attraits de la volupté.
Délivrés des craintes pénibles,
Renvoyez les soucis rongeurs;
Conservez les desirs flateurs;
Ne respirez que la Nature;
Dans ces Jardins délicieux,
Goûtez le plaisir sans mesure,
Et le ravissement des Dieux.
           Au milieu dâun bois spacieux,
Dont les arbres par la Nature
Semblent plantĂ©s Ă lâaventure,
Dans lâordre le plus gracieux,
[p.11]Â Et de leurs rameaux fastueux
Ne laissent percer la verdure
QuâĂ la lumiere, & quâaux ZĂ©phirs,
SâĂ©leve un auguste portique,
Sanctuaire de la Musique,
Et centre de tous les plaisirs.
Autour du Temple respectable,
On trouve de charmans réduits,
Que pour les plaisirs de la table
Comus & Minerve ont construits.
Les traits dâune peinture aimable
En embellissent les lambris
Par le plus brillant coloris:
Les jeux de la vive jeunesse,
Les soins de la froide vieillesse,
Y sont retracés tour-à -tour;
On y voit le tableau fidéle
Des fĂȘtes du fils de SĂ©mele,
Et des triomphes de lâAmour.
           Mais dâun Phidias la statue*
Attire mon attention.
Orphée y paroit à ma vûe,
Ou bien le Chantre dâAlbion.
Aux airs du modern Amphion,
De nouveau le marbre respire.
Jây vois cet aimable dĂ©lire,
Qui seul mérite des lauriers.
Â
*Cette Statue de M. Handel, a été faite par M. Roubillac, Sculpteur distingué.
[p.12]Â Attentif aux sons de sa lyre,
Un GĂ©nie empressĂ© dâĂ©crire,
Grave dans dâimmortels cahiers
Ses airs, ses accords passagers;
Je lâentends mĂȘme qui soupire
De perdre encor les plus légers.
           Quelles douceurs surnaturelles!
Quels sons! Quels airs mélodieux!
ZĂ©phir porte-tâil sur ses aĂźles
Les Concerts des célestes lieux?
           TantÎt je marque la cadence
Dâun vif et lĂ©ger menuet;
Par une douce violence
Je sens ranimer en secret
Mon goût dominant pour la danse;
Mes mouvemens suivent lâarchet.Â
           TantÈt la trompette guerriere,
Sur les tons les plus Ă©clatans,
Exprime les combats sanglans,
Et la victoire meurtriere.
           Sons étouffés! tristes accens!*
Sanglots mĂȘlĂ©s de cris perçans!
Lente & funebre symphonie!
JâĂ©prouve les charmes puissans
De votre lugubre harmonie.
Les tymbales & le basson
Â
*Il sâagit ici de la Marche des Morts, The Bead [sic â Dead] March, morceau fameux dâun Concert Spirituel de M. Handel, intitulĂ© Saul.
[p.13] Portent dans mon ame attentive
Lâhorreur, la consternation:
La langueur, la compassion,
Suivent de la flûte plaintive
Le touchant & douloureux son.
Ainsi par un contraste Ă©trange,
Chaque nouvelle passion
De moment en moment se change,
Et de ce surprenant mĂȘlange
NaĂźt une vive Ă©motion.
           A ces Concerts mélancoliques,
Les cors de chasse, les hautbois,
Font succéder les airs rustiques
Des heureux habitans des bois,
Qui dans leurs paisibles retraites
Enflant leurs tendres chalumeaux,
Rassemblant au son des musettes
Les Bergeres de leurs hameaux,
Et dansent Ă leurs chansonettes
Sous les hĂȘtres & les ormeaux.
Ainsi de leur heureuse vie
Coule mollement chaque jour;
Chaque instant est une folie;
Chaque souffle, un soupir dâamour.
Dieux! avec Thémire attendrie
Faites-moi berger Ă mon tour.
           Cependant le Soleil sâapprĂȘte
A quitter ce Jardin charmant;
Thétis souffre impatiemment
[p.14] Que PhĂ©bus si long-tems sâarrĂȘte.
Le Dieu se hĂąte lentement,
Et vers Vauxhall tournant la tĂȘte,
Il se plonge languissamment
Au sein de lâhumide ElĂ©ment,
Vers son immortelle conquĂȘte.
Alors par un passage aisé,
A la lumiere décroissante
Succéde une nuit plus touchante,
Que le jour qui sâest Ă©clipsĂ©.
           Mais quelle lumiere subite,
Eblouissant mes yeux surpris,
Par sa vive splendeur imite
La gloire des divins lambris?
Les lampions dans le feuillage
Mâoffrent une brillante image
Des fruits du métal précieux,
Que cachoient aux mortels avides
Les vigilantes Hespérides.
Tels, lorsque lâAstre radieux
Va se prĂ©cipiter dans lâonde,
Voit-on mille célestes feux
De nouveau réjouir le monde,
Et peupler les deserts des Cieux.
           Je sens pourtant que dans ces lieux,
OĂč par une aimable imposture
Le goĂ»t cache lâart Ă mes yeux,
Il me marque encor la Nature,
Qui seule peut me plaire mieux.
[p.15]Â Je la cherche sous ces feuillages,
OĂč regne la tranquillitĂ©,
Pour les amans & pour les sages,
Aziles de la volupté.
Câest-lĂ quâune douce folie,
Troublant mon esprit enchanté,
Des berceaux sacrĂ©s dâIdalie
Retrouve la réalité.
Je sçais peupler ces promenades
Et de Nymphes & de Sylvains;
Ces arbres logent des Dryades;
Lâair est plein de ZĂ©phirs badins,
Dont les tumultueux essains
Sont empressés autour de Flore,
Et je crois mĂȘme voir Ă©clore
Des fleurs de leurs baisers divins.
La Lune Ă mes yeux est Diane,
Quâune secrette passion
Conduit loin du peuple profane,
Vers un nouvel Endymion.
Arbres touffus, sacrés ombrages,
Redoublez votre obscurité !
Entretenez ZĂ©phirs volages,
La fraßcheur avec la gaité!
Chantez, oyseaux, dans vos ramages
Vos feux & votre liberté!
Lorsque Philoméle soupire
Ses tendres & plaintifs accens,
Je sens que mon ame respire
[p.16]Â Son harmonie & ses tourmens.
La vive Fauvette mâinspire
Toutes les ardeurs du printems.
Ah! que ses desirs languissans
Jusques dans le cĆur de ThĂ©mire
Ne passent-ils avec ses chants!
           Quâil est doux dans cette retraite
Pour de véritables amans,
Dâouvrir leur ame satisfaiteÂ
A dâintimes ravissemens!
Plaisirs de deux cĆurs innocens!
Feu divin! langueur mutuelle!
Discours confus! doutes charmans!
Transports que lâamour renouvelle,
Et que lui seul rend si puissans! . . .
Dans une douce rĂȘverie
LâUnivers tout entier sâoublie,
Et les heurs sont des instans.
           Vous, qui de lâEnfant de CythĂ©re
Craignez le poison séducteur,
Fuyez de ce lieu solitaire;
DĂ©fiez-vous de votre cĆur,
Ou nâopposez plus la froideur
Aux feux de ce vainqueur aimable,
Que ces bois, que lâobscuritĂ©
Rendent encor plus redoutable
A qui chérit sa liberté.
Dans ces lieux par Lycas guidée
Un jour la jeune Galathée
[p.17] Vouloit lui résister en vain;
A chaque nouveau tour dâallĂ©e
Le fripon gagnoit du terrain;
Il sçut lâobliger Ă la fin
Dâoublier son indifference,
Et de se soumettre au Destin.
Dans un cĆur sans expĂ©rience
LâAmour fait bien-tĂŽt du chemin.
           Mais quels nuages de coquettes,
Profanant cet heureux séjour,
Viennent par de fades fleurettes,
Braver le pouvoir de lâAmour!
Par une coupable assûrance
On les voit feindre une ignorance,
Que leur cĆur en secret dĂ©ment,
Et sous un voile dâinnocence
Couvrant un vain déguisement,
Imiter avec confiance
Lâembarras dâun cĆur qui balance,
Et ne passe quâen rĂ©sistant
Du vuide de lâindifference,
Au trouble dâun premier penchant.
Feuillage Ă©pais, retraite sombre,
Faudra-tâil mĂȘme que votre ombre
Les exemte encor de rougir?
DĂ©mon de la coquetterie,
Monstre quâon ne peut dĂ©finir,
Ris affecté, minauderie,
Pudeur feinte, Ă©quivoque hardie,
[p.18]Â Partez pour ne plus revenir.
A votre aspect de ces contrées,
Sur lâaĂźle dâun lĂ©ger ZĂ©phir,
Vers les climats Hyperborées,
Avec les Graces éplorées
Je vois lâAmour prĂšt Ă sâenfuir.
           Cependant lâheure qui sâĂ©coule,
Me fait abandonner ces lieux;
Je me replonge dans la foule
Parmi les plaisirs & les jeux.
Je vois ceux que le goût allie
Dans ces réduits délicieux,
Y trouver la table des Dieux,
Leur Nectar & leur Ambroisie.
Le malicieux Cupidon,
Dans la coupe quâHebĂ© prĂ©sente,
Parmi la liqueur périllante
Glissant ses traits & son poison,
La rend encore plus piquante.
Il triomphe; VĂ©nus sourit;
La troupe boit; Bachus frémit
Que son rival par son adresse,
Dans cette favorable nuit,
Plonge les mortels dans lâyvresse,
Et seul en recueille le fruit.
           Enfin, de ce sĂ©jour dâAstrĂ©e
Il faut malgré moi me bannir;
Les Dieux dans la voûte éthérée
GoĂ»tent seuls lâĂ©ternel plaisir.
[p.19] Pour nous, notre vie est mĂȘlĂ©e
De maux nombreux, de biens légers;
Faut-il que le desir supplée
A des plaisirs si passagers?
Lieux charmans, nouvel Elisée,
Puisquâil faut vous quitter enfin,
Je pars, du moins dans la pensée
De vous trouver plus beaux demain.
           Demain sur cette onde sacrée
Je revolerai vers ces lieux.
Une plus piquante soirée
Les rendra plus délicieux.
Demain quelque beauté cachée
Frappera tout Ă -coup mes yeux,
Et de nouveaux desirs touchée,
Mon ame la sentira mieux.
           ThĂ©mire, mon cĆur vous adresse
Ces vers quâil soumit Ă vos loix;
Enfans aisés de la paresse,
Et consacrés par votre choix,
Ils sont le fruit de ma tendresse,
Et le tribut que je vous dois.
Vous seule sçûtes mây contraindre;
Câest Ă vous de me soutenir.
Soyez la premiere Ă me plaindre,
Si je nâai pas sçû rĂ©ussir. . . .
HĂ©las! jâai crĂ» que pour bien peindre,
Il suffisoit de bien sentir.
Â
[FIN]
VAUXHALL, A POEM.
Preceded by a letter to M. de Fontenelle.*
*Vauxhall is a place on the outskirts of London,and this description of it is by an Englishman; but the most astonishing thing about it is that the Englishman has never been to France, and that the work is in verse; it is a literary phenomenon.
Benevolent and wise Fontenelle,
You, who in older age,
Wears an immortal garland
[p.4] Woven with flowers, ever renewed by love,
That time cannot fade;
Wise Plato, divine Orpheus,
That only Minerva and Venus
Can hinder from ageing;
Where can I discover you?
Will it be on the heights of Olympus,
Where you mingle with divine beings;
Or in this land below,
Where you make the dead speak;
Or on the edge of a spring,
Near Corylas and Ismena,
Whose sensuality you feel and describe?
Will I find you at the Agora,
Whose lessons you interpret;
Or in the depths of some ancient Temple
That you are cleansing of demons;
Or even on the magical stage,
Where your Muse animates the sounds?
If from those sublime mansions,
You deign to lower your gaze
Down to this terrestrial place,
Accept, with these feeble verses,
My praise, my heart and my vows.
Yes it is to you, the portrayer of the Graces, and interpreter of wisdom that I offer my efforts, which are perhaps even more imperfect than the enterprise was foolhardy. But were any of it [p.5] more worthy, it would at least provide me with an opportunity to address that man, who of all the adornments of France is the one I most regret never having met. It gives me all the more pleasure to pay you this compliment, as it will not be suspected of partiality by anybody who has read your works.
Live long, live always in friendship,
Between wisdom and gaiety.
You would be immortal, if just Fortune
Allowed you to live as long as your writings.
VAUXHALL.
I sing of a sacrosanct shore,
A favourite resort of the Graces
Where divine Venus
Assembles her court every evening.
Among this charmed band,
Under the banners of Love,
We see lively leisure,
Pleasure continuously reborn,
Luxury unburdened with
Anxiety and disorder,
And reality disguised
Beneath the veil of expediency.
There, by a sweet surprise,
[p.6] Wisdom permits
Desire and sensitivity equally.
I have broken from the dreary yoke
Of the Nymphs of the twin peak;
But Thémire wants me to rhyme.
Thémire! What does she want? In vain
Such sweet forbearance inspires me.
So that from one sublime ecstasy
Another seeks to rise;
For me, effortlessly and ingenuously,
I am guided by Thémire,
Over Parnassus, to Hippocrene;
She is my Muse and my Mycenas;
She alone can inflame me;
Her glance warms my blood;
Her smile is my inspiration.
The Thames, which by its tides,
Makes London the queen of the seas,
And on which is well established
The trade of the world,
Also washes our charming sanctum
Of love and luxury;
Like Lethe,
The river makes us forget the city,
With its lust for gold and for labour,
And into the most embittered soul
Pours tranquillity
And pleasurable dreams.
[p.7] In this new Arcadia
Grief, anxiety and envy
Perforce pass away;
In London we wear out our life;
At Vauxhall we learn how to enjoy it.
According to ancient myths,
And mystical descriptions
Druids of olden times,
The only righteous and true wise men,
The image of innocent gods,
Rare ornaments of the world,
Passed at the end of their life,
Into cheerful meadows.
There, beneath evergreen trees,
And on a flowery bank,
The air resounded
To their divine melodies.
My Thémire, for you
The Elysian Gardens will be thrown open
By favoured immortals,
[Empowered by your wishes]
To live before they die.
While the time is right,
Come to this alluring spot;
From these sources of delight
Sip the precious nectar;
Hearing the tender overtures
Of ardent song-birds,
Always spirited and always happy,
They interrupt their devotions
With amorous concerts,
[p.8] And we dream of being like them.
Here with matching dread
I would fain keep you away,
And more in jest than honesty,
My muse wants to spare you
The refusals of avaricious Charon (a)
The fatal riverâs tide,(b)
The prospect of the sojourn in Hell,
And the exhalations of Tenarus. (c)
Leaving this baneful road
To the efforts of feeble authors,
I would strew with flowers
The paths of your destiny.
These are the waters of Peneus;
These fields are its enchanting shores;
The Graces here take the place of Fates;
Desire steers our boats;
And Eros brings us together.
In this charming retreat,
In this poetic resort,
Towards the close of day, we see
(a) The Boatmen take advantage of our necessity to use them, to overcharge their passengers.
(b) Fear of the water prevents many people from going to Vauxhall.
(c) The old hovels of Southwark’s streets, and the black smoke belching from the chimneys of the breweries, dyers, etc. that are found there gave the author the idea of this analogy.
[p.9] The happy elite both of the city
And of the court gathering together.
So we see at dawn
Youthful nymphs racing
To the gardens that Flora
Made bloom again in the Spring.
This freshly blossomed gillyflower,
Favoured by Eleonore,
True to her personality,
Is placed gently on her breast,
Gladly, she will bring both its bloom
And its destiny to an end.
Jasmine is to Lauraâs taste;
Young Iris dislikes everything;
Thémire prefers the rose,
When freshly bloomed,
And her taste decides mine.
Everyone likes to participate in
The glittering array
And artful fellowship
That Vauxhall offers.
Pleasure cannot penetrate
To the depths of an indifferent soul,
And luxury is only immoral
When insensate desire
Urges the spirit to indulge in it.
In this place, swollen with opulence,
The banker seems to admire
His bleak pride;
[p.10] The self-satisfied clerk,
Is happy just to show off;
Completely surrounded by his audience,
The Lawyer hastens here to bandy arguments;
The picture of smugness,
Young Colin sips his drink;
Lolotte, with childhood just left behind,
Seeks to learn about love;
Clarice tries out her charms;
The tender and shy Constance,
Awaits with trepidation the arrival
Of the lover she must find here;
Damon sees only his Hortense;
Thémire tenderly dreams.
Far from here, are those hearts immune
To tenderness, or to joy;
Gather together, you souls sensitive
To the attractions of luxury.
Delivered from painful fears,
Send away gnawing cares;
Protect your pleasing desires;
Breathe only Nature;
In these delightful gardens,
Taste pleasure without measure,
And with god-like rapture.
In the middle of a spacious wood,
Whose trees appear planted
By chance in the most graceful order
By Mother Nature,
[p.11] And their sumptuous branches
Reaching up like a stately arcade
Can only pierce the verdure
To reach the light, and the breezes.
Around the dignified temple,
Which is the sanctuary of music,
And focus of all pleasures
There are smaller booths,
Built by Comus and Minerva
Merely for the pleasures of the table.
The brush-strokes of lovely painting
Embellish their walls
With the brightest of hues:
The games of lively youth,
The cares of cold old age,
Are traced here in turn;
We can see here the faithful image
Of the feasts of Dionysus,
And the triumphs of Love.
But my attention is drawn to
The statue* by a Phidias.
It appears to me to be Orpheus,
Or the Bard of Albion.
Once again the marble breathes
To the songs of a modern Amphion.
I see this blessed ecstasy in him,
Who alone deserves the honours.
*This statue of Mr. Handel, was made by Mr. Roubillac, a distinguished sculptor.
[p.12] Attentive to the sounds of his lyre,
A genius, driven to write,
Etches on immortal pages
His airs, his transient harmonies;
I hear him mourning
The loss of even the slightest note.
Such awesome pleasures!
Such sounds! Such melodies!
Could the concerts of heavenly places
Be carried here on Zephyrâs wings?
Soon I follow the rhythm
Of a bright and lively minuet;
In a gentle ferment
I feel the overwhelming urge
To dance, secretly awoken;
My measure follows the bow.
Meanwhile the war-like trumpet,
With its lustiest tones,
Brings to mind bloody battles,
And murderous victory.
Muffled sounds! tragic cadences!*
Sobs mingle with shrill cries!
Stately and funereal symphony!
I sense the powerful appeal
Of your mournful harmony.
Kettle-drums and bassoon
*This refers to the Dead March, a famous piece from Mr. Handel’s sacred oratorio, called Saul.
[p.13] Awakening in my attentive soul
Horror and dismay:
Next comes the soporific tenderness
Of the plaintive flute,
A touching and sorrowful sound.
So by an unwonted contrast,
New and distinct passions
Follow each other from moment to moment,
And an intense emotion is born
From this surprising medley.
At these affecting concerts,
Hunting horns and oboes
Are succeeded by rustic songs
Of contented woodsmen,
Who in their peaceful retreats
Blow their sweet shawms,
Sounding just like reed-pipes.
The shepherdesses from their hamlets,
Dance to their ballads
Under the beech-trees and elms.
So in their carefree life
Every day flows gently by;
Every moment is an indulgence;
Every breath, a sigh of love.
Ye Gods! with ThĂ©mireâs compliance
Make me a shepherd in my turn.
Meanwhile, the sun is about to set
On this enchanted garden;
Thetis waits impatiently
[p.14] While PhĆbus stays so long.
The god slowly hastens,
And turning his head towards Vauxhall,
He plunges languidly
Into the depths of the waters,
Towards his everlasting conquest.
So by an easy metamorphosis,
The waning daylight
Is followed by a night, more sensual
Than the day that it has eclipsed.
But what sudden light,
Dazzles my amazed eyes,
In its vivid splendour that mimics
The glory of the heavens?
The lamps among the foliage
Make a scintillating picture
Of fruits made of silver and gold,
Which the watchful Hesperides
Conceal from greedy mortals.
So that, once the radiant Sun
Sinks into the deep,
We see a thousand heavenly lights
Once again making the world resplendant,
And populating the desert of the Heavens.
I sense, however, that in this place,
Where by a kind sham,
Taste hides artifice from my eyes,
I take notice once more of Nature,
Who alone can please me more.
[p.15] I am seeking under this foliage,
Sanctuaries of luxury,
For lovers and for the wise,
Where tranquility reigns.
It is there that a gentle folly,
Disturbing my mind, enchanted by
The sacred bowers of Idalia
Re-discovers the truth.
I could populate these walks
Both with nymphs and woodlanders;
These trees are home to dryads,
The air is full of playful breezes,
Whose random currents
Swirl around Flora,
And I think I can even see
Flowers blooming in their divine embrace.
To my eyes, the Moon is Diana,
Who is driven away from rude people
Towards a new Endymion
By a secretive passion.
Dense trees, sacred shades,
Deepen your darkness!
You fickle winds
Nourish freshness with gaiety!
Sing, you birds on your branches
Sing of your ardour and your freedom!
While Philomel sighs
With her tender and plaintive voice,
I feel that my soul absorbs
[p.16] Her harmony and her pain.
The lively songster inspires me
With all the warmth of Spring.
Ah! that her tender desires
Do not pierce the heart of Thémire
Along with her song!
How sweet it is in this retreat
For true lovers,
To bare their contented souls
To intimate rapture!
The pleasures of two innocent hearts together !
Divine ardour! mutual tenderness!
Confused conversation! charming doubts!
Delights that Eros renews,
And that only he empowers! . . .
Lost in a sweet reverie
The whole world is forgotten,
And the hours become but moments.
You, who fear the seductive drug
Of the son of Venus,
Flee from this place apart;
Defy your heart,
Or no longer use insensitivity as a weapon
Against the fires of this fond victor,
Made even more formidable
To whoever cherishes his freedom
By these woods, and by this darkness.
Guided one day into this place by Lycas
The young Galatea
[p.17] Tried in vain to resist him;
With each new round of the walks
The rascal gained ground;
He knew how to make her
Forget her indifference in the end,
And to submit to her fate.
In a novice heart
Love soon makes progress.
But what clouds of coquetry,
Profaning this happy resort,
Arrive like so many faded blooms,
To defy the power of Love!
We see them feigning innocence,
That their secret heart denies,
And with brazen effrontery
Concealed under a veil of innocence
Covering the vain disguise,
They confidently imitate
The confusion of a wavering heart,
And, by resisting it,
Pass from the emptiness of indifference,
To the pangs of a first inclination.
Can even the shade under the
Thick foliage of this dark retreat,
Excuse them from blushing ?
Demon of coquetry,
Monster that cannot be defined,
The menace of affected laughter,
Of false modesty, and bold equivocation,
[p.18] Leave and never come back.
Given your notion of this spot,
I see Eros, with the grief-stricken Graces
Ready to take flight
Towards Hyperborean climes
On the wings of the slightest breeze.
However, the passing hour
Makes me quit this place;
I slip back into the crowd
Among pleasures and games.
I watch those whom taste gathers
Into these delightful arbours,
Finding there the table of the gods,
Their Nectar and their Ambrosia.
Mischievous Cupid
Makes the brew even more heady
By slipping his draft and his drug,
Into the treacherous liquor
In the cup that Hebe offers.
Cupid triumphs; Venus smiles;
The group drinks; Bacchus worries
That his rival by his artfulness
On this propitious night,
Pitches mortals into drunkenness,
And that only he reaps the fruits of it.
Finally, from this resort of Astrea
I must depart, in spite of myself;
Eternal pleasures can only be tasted
By the Gods in the vault of heaven.
[p.19] For us, our life is intertwined
With many evils, and few blessings;
Should wishes take the place of
Such ephemeral pleasures?
Charming spot, new Elysium,
Since we must leave you in the end,
Iâll depart, if only in the expectation
Of finding you even more appealing tomorrow.
Tomorrow on the sacred tide
I’ll fly back to this place.
A more exhilarating evening
Will make it even more delightful.
Tomorrow some unexpected beauty
Will suddenly strike my eyes,
And inflamed by new desires,
My soul will feel it still more.
Thémire, my heart devotes to you
These verses that I submit to your authority;
Simple offspring of my idleness,
Made sacred by your choice,
They are the fruits of my tenderness,
And the tribute that I owe you.
Only you know how to drive me to it;
It is up to you to sustain me.
Be the first to pity me
If I have not been successful. . . .
Alas! I thought that to paint a proper picture,
It was enough to feel the full experience.
[END]
This poem is out of copyright, and the translation by David Coke is free to use. Both may be used in any publication, in whole or in part, with an appropriate acknowledgement to www.vauxhallhistory.org.